Évaluation des capacités de lutte contre le cancer en République centrafricaine

Les taux de cancer augmentent partout dans le monde ; pour autant, les pays à revenus faibles et moyens manquent encore bien souvent de services efficaces de prise en charge. À mesure que le nombre de patients atteints d’un cancer s’accroît, les autorités nationales cherchent de plus en plus à obtenir une aide spécialisée pour renforcer leur capacité à répondre aux besoins qu’ils rencontrent pour lutter contre cette maladie.

Le laboratoire d’anatomie et de cytologie pathologique situé dans la capitale (photo) est le seul laboratoire du pays qui puisse fournir des données relatives au cancer. L’une des propositions phares issues de l’examen imPACT a été d’instituer un registre national des cas de cancer dans la population.

Les taux de cancer augmentent partout dans le monde ; pour autant, les pays à revenus faibles et moyens manquent encore bien souvent de services efficaces de prise en charge. À mesure que le nombre de patients atteints d’un cancer s’accroît, les autorités nationales cherchent de plus en plus à obtenir une aide spécialisée pour renforcer leur capacité à répondre aux besoins qu’ils rencontrent pour lutter contre cette maladie.

La République centrafricaine n’échappe pas à la règle. Ce pays ne possède aucune unité de radiothérapie et les moyens auxquels il a accès en termes de diagnostic et de traitement sont très limités. Les patients et les familles qui vivent loin de la capitale sont contraints, pour se faire soigner, de parcourir de longues distances qui occasionnent des coûts importants. Les symptômes du cancer étant assez mal connus du grand public, de nombreux patients ne sollicitent une aide qu’à un stade avancé de la maladie, lorsque celle-ci est devenue incurable, de sorte que seuls des soins palliatifs limités peuvent leur être prodigués.

Une équipe composée de neuf experts de l’AIEA, de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) vient d’achever un examen imPACT en République centrafricaine, réalisé à la demande des autorités nationales. Elle a passé en revue les capacités et besoins du pays à chaque stade de la lutte contre le cancer - planification, surveillance, prévention, dépistage précoce, diagnostic, traitement et soins palliatifs - et formulé toute une série de recommandations qui touchent également à la collecte de données relatives aux cas de cancer, à la spécialisation du personnel et à l’élaboration de normes et directives nationales destinées à encadrer les activités menées dans ce domaine. Le CIRC estime que le nombre de patients atteints d’un cancer et de décès par cancer actuellement répertoriés dans le pays devrait augmenter de près de 30% d’ici à 2030.

« L’examen imPACT met en lumière plusieurs problèmes qu’il nous faut résoudre », explique Raphael Mbailo, Chef de la Direction de la santé au Ministère de la santé et de la population de la République centrafricaine. « La décision d’envoyer des patients atteints d’un cancer se faire traiter à l’étranger peut avoir un coût très lourd et arrive parfois trop tard. Nous voulons améliorer la prise en charge de ces patients en faisant en sorte qu'ils puissent consulter des experts médicaux multidisciplinaires, et nous devons améliorer notre collecte de données de morbidité et de mortalité. La constitution de partenariats public-privé plus solides devrait nous permettre de gagner en efficacité. »

L’équipe d’examen s’est plus particulièrement intéressée à tout ce qui touche aux cancers du sein, du col de l’utérus et de la prostate, étant donné leur prévalence relativement élevée dans le pays. Elle a travaillé avec du personnel médical de haut rang exerçant dans des établissements de la capitale, Bangui, qui disposent actuellement de services de cancérologie - notamment des hôpitaux universitaires, le laboratoire national, la faculté des sciences et l’organisme national de réglementation pour la sûreté radiologique. L’examen a par ailleurs porté sur divers points touchant à la sûreté et à la sécurité radiologiques, l’objectif étant de mieux protéger le personnel, les patients et l’environnement.

« Améliorer la communication et l’information concernant les principales formes de cancer, équiper les hôpitaux universitaires de moyens modernes de diagnostic, former des spécialistes en oncologie médicale et chirurgicale, et étoffer l’offre de services thérapeutiques, telles sont nos priorités », indique Doui Doumbga, chef des services de chirurgie générale de l’Hôpital de l’Amitié à Bangui.

Recommandations imPACT

L’équipe a aussi recommandé de renforcer la collecte et l’analyse de données relatives aux nouveaux cas de cancer afin de faciliter l’établissement des priorités et de mieux éclairer les décisions à prendre. Elle a suggéré de créer un registre du cancer, d’améliorer la tenue des dossiers et de suivre le diagnostic et le traitement des cancers dans les services hospitaliers, et de former du personnel à la collecte, la saisie et l’analyse des données.

Elle a par ailleurs préconisé d’accroître le nombre de professionnels de santé affectés au dépistage du cancer, au traitement de la maladie et aux soins palliatifs, et de renforcer leurs compétences. Elle a appelé à définir et mettre en œuvre des normes et directives nationales pour la prévention des formes de cancer les plus fréquentes. Elle a conseillé de surcroît d’élaborer un programme national de lutte contre le cancer dûment chiffré et fondé sur des données factuelles, l’actuel plan stratégique pour les maladies non transmissibles venant à expiration fin 2021.

« L’évaluation exhaustive de la situation et l’analyse des parties prenantes permettront d’éclairer les futurs programmes appelés à bénéficier d’un appui de l’AIEA, de l’OMS, du CICR et d’autres partenaires pour contribuer à offrir plus largement et plus équitablement accès à des services complets de cancérologie », assure Imen Bentouhami, responsable de la gestion de programmes de l’AIEA, en charge des projets de coopération technique avec la République centrafricaine.

« Les conclusions de cet examen imPACT soulignent combien il est important de mettre en place une approche qui intègre les services de cancérologie dans le système de santé. Mais ce n’est là que le point de départ », précise Jean-Marie Dangou, coordinateur en chef de la santé publique pour la prise en charge des maladies non transmissibles au Bureau régional de l'OMS pour l'Afrique. « Le pouvoir mobilisateur du ministère de la santé constitue un facteur déterminant dans la lutte contre le cancer, parallèlement au soutien qu’apportent nos organisations. »

Cet examen imPACT, qui s’est étalé sur les mois de septembre 2020 à février 2021 est le troisième à avoir été mené en mode partiellement virtuel, en raison des restrictions de voyage liées à la COVID-19. Une mission sur place aura lieu lorsque les voyages seront autorisés, pour tenir un dialogue de haut niveau et vérifier certaines des constatations formulées à distance.

« Le cancer est une maladie qui, partout dans le monde, provoque chez celles et ceux qui en sont atteints de grandes souffrances et entraîne de graves difficultés matérielles. Il ne faut pas relâcher les efforts, en particulier dans les pays à revenus faibles et moyens, et plus spécialement encore en ces temps de crise sanitaire où l'on réaffecte les ressources sanitaires pour les recentrer sur les priorités liées à la pandémie de COVID-19. Nous nous devons, aujourd’hui plus que jamais, de préserver ces services de cancérologie qui peuvent sauver la vie des patients », plaide Lisa Stevens, Directrice du Programme d’action en faveur de la cancérothérapie de l’AIEA.

imPACT recommendations

One key recommendation was to strengthen the collection and analysis of new cancer case data to support prioritisation and informed decision-making. The review proposed establishing a cancer registry, improving the record-keeping and monitoring of cancer diagnosis and treatment in hospital departments, and training staff responsible for data collection, entry and analysis.

The Review also recommended increasing the number of medical professionals dedicated to cancer diagnosis, treatment and palliative care and building their skills. Iit recommended developing and implementing national standards and guidelines for the prevention of the most frequent cancers. A further recommendation was for a costed and evidence-based national cancer control plan be developed, as the current Strategic Plan for Non-Communicable Diseases will expire at the end of 2021.

“The comprehensive situation and stakeholder analysis review will help inform future programmes supported by the IAEA, WHO, IARC and other partners to assist in strengthening and increasing equitable access to broader comprehensive cancer services,” said Imen Bentouhami, the IAEA Programme Management Officer in charge of technical cooperation projects with Central African Republic.

“Findings from this imPACT Review underline the importance of incorporating an integrated approach to delivering cancer services as part of the health system, but this is only the beginning, said Jean-Marie Dangou, Public Health Leader Coordinator for Non-communicable Disease Management at the WHO Regional Office for Africa. “The leadership of the Ministry of Health is key to fight cancer, alongside the support that our organizations provide.”

This imPACT Review, which took place from September 2020 to February 2021, was the third conducted using a partially virtual format adopted because of COVID-19 related travel restrictions. An in-country mission will take place when travel allows, for high-level dialogue and to validate findings.

“Cancer causes patients everywhere great suffering and economic hardship. Continuous action is needed, particularly in low- and middle-income countries, and especially during the COVID-19 pandemic when health resources are being redirected to address these priorities. Maintaining life-saving cancer services at this time is as important ever,” said Lisa Stevens, Director of the Programme of Action for Cancer Therapy at the IAEA.