Protéger nos océans : les techniques nucléaires au service des interventions d’urgence en mer en cas de déversement de pétrole

Les écosystèmes marins et côtiers jouent un rôle essentiel dans la santé des océans et de la planète, mais leur équilibre délicat doit être préservé. L’une des principales menaces à cet équilibre émane des déversements de pétrole, qui peuvent avoir des effets dévastateurs sur ces écosystèmes et les communautés qui en dépendent.

Les déversements de pétrole peuvent avoir des répercussions sur les communautés côtières vulnérables. En 2020, il y a eu un déversement de pétrole à Maurice. Face à cette situation, l’AIEA a apporté son soutien à l’analyse du déversement et au suivi de ses effets à long terme. (Photo : Fondation mauricienne pour la faune et la flore)

Les écosystèmes marins et côtiers jouent un rôle essentiel dans la santé des océans et de la planète, mais leur équilibre délicat doit être préservé. L’une des principales menaces à cet équilibre émane des déversements de pétrole, qui peuvent avoir des effets dévastateurs sur ces écosystèmes et les communautés qui en dépendent.

Lorsqu’ils se voient confrontés à des déversements de pétrole, les pays ont besoin d’autant d’outils et d’informations que possible pour atténuer les effets sur l’environnement, déterminer la source des déversements et évaluer la contamination des produits de la mer par des substances toxiques. Au moyen de techniques nucléaires et isotopiques, les Laboratoires de l’environnement marin de l’AIEA à Monaco les aident à atteindre ces objectifs.

« Chaque déversement de pétrole est différent et appelle un ensemble de questions spécifiques », explique Philippe Bersuder, chef du Laboratoire d’étude de l’environnement marin de l’AIEA. « En utilisant des techniques nucléaires et isotopiques pour mesurer et suivre avec précision les déversements de pétrole, nous fournissons aux pays les outils dont ils ont besoin pour atténuer les dommages et évaluer les risques pour la santé humaine. »

Les pétroles bruts sont composés de mélanges complexes d’hydrocarbures et d’autres substances, et varient en fonction de l’origine géographique et du producteur. La complexité de ces mélanges génère une « signature » pouvant servir à retracer les déversements d’hydrocarbures dans l’environnement marin jusqu’à la source de la pollution, ce qui est essentiel à l’atténuation des effets subséquents du déversement de pétrole.

Lorsque des déversements de pétrole ont lieu, les scientifiques de l’AIEA utilisent du matériel tel que des spectromètres de masse à chromatographie en phase gazeuse pour déterminer la composition chimique des échantillons d’hydrocarbures. « Nous utilisons ces techniques fondées sur la “signature” pour déterminer l’origine du pétrole déversé, ce qui peut fournir aux pays les preuves scientifiques nécessaires pour aider à désigner les responsables et à élaborer des stratégies de surveillance à long terme », indique Imma Tolosa, chercheuse à l’AIEA. Grâce au programme de coopération technique de l’AIEA, les Laboratoires de l’environnement marin de l’AIEA renforcent également les capacités des pays touchés par les déversements de pétrole, dotent les scientifiques nationaux spécialistes de l’environnement du matériel nécessaire pour effectuer des analyses et leur fournissent des matières de référence à des fins d’assurance de la qualité en laboratoire.

Santé et sûreté du consommateur

Les déversements de pétrole peuvent également constituer une menace pour la santé et la sûreté des personnes dont l’alimentation repose en grande partie sur les produits de la mer. En effet, les contaminants présents dans le pétrole peuvent se bioaccumuler dans la chaîne alimentaire marine. Ainsi, lorsque les mollusques et les crustacés ingèrent des produits chimiques toxiques provenant des zones souillées par les déversements de pétrole, les poissons plus gros qui les consomment se retrouvent avec davantage de toxines dans leur propre organisme. Les personnes qui consomment des produits de la mer contaminés sont plus exposées à des niveaux élevés de toxicité.

L’AIEA a récemment fourni une aide d’urgence à Maurice à la suite du naufrage du MV Wakashio. Lorsque le vraquier s’est échoué au large de l’île Maurice en 2020, plus de 26 kilomètres carrés ont été souillés du fait du déversement de près de 1 000 tonnes de pétrole. Ce déversement de pétrole a eu des conséquences graves et immédiates sur la santé de l’environnement marin de Maurice et sur les moyens de subsistance des communautés de pêcheurs du pays. Elle a été qualifiée de pire catastrophe écologique qu’ait connue Maurice et a été déclarée urgence nationale.

Pour y remédier, les experts de l’AIEA ont formé des scientifiques mauriciens à l’analyse des hydrocarbures libérés par la marée noire et les ont dotés des moyens nécessaires pour surveiller les effets à long terme de l’accident et la régénération de l’écosystème.

D’autres pays ayant subi des catastrophes écologiques dues à des déversements de pétrole ont bénéficié du soutien de l’AIEA : Cuba en 2018, Sri Lanka en 2021 et le Pérou en 2022. Cuba utilise actuellement les capacités d’analyse et de préparation des interventions d’urgence mises en place en collaboration avec l’AIEA à la suite du déversement de pétrole survenu en 2018 pour évaluer efficacement les effets sur l’environnement d’une situation d’urgence plus récente, à savoir l’explosion d’une installation de stockage de pétrole à Matanzas, en 2022. Les déversements de pétrole et leurs conséquences éventuelles continueront de représenter une menace pour la santé des océans. L’AIEA est résolue à aider les pays à faire face à leurs responsabilités en matière de préservation et de protection des écosystèmes marins et côtiers.

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Un scientifique de l’AIEA utilise un spectromètre de masse à chromatographie en phase gazeuse pour déterminer la composition chimique du pétrole brut. (Photo : E. McDonald/AIEA) 

Consumer health and safety

Oil spills can also threaten the health and safety of people who consume seafood as a significant part of their diet because contaminants from the oil can bioaccumulate within the marine food chain. This means that as shellfish ingest toxic chemicals from oil spills, larger fish that consume them will have more toxins in their own systems. People who eat contaminated seafood are at increased risk of being exposed to high levels of toxicity.

The IAEA recently provided emergency response support to Mauritius in the wake of the MV Wakashio disaster. When the bulk carrier ran aground off the coast of Mauritius in 2020, over 26 square kilometres were affected by the spillage of almost 1000 tonnes of oil. The spill had drastic and immediate effects on the health of the Mauritian marine environment and the livelihoods of Mauritian fishing communities. It was called the worst environmental disaster to affect Mauritius and declared a national emergency.

In response, IAEA experts trained Mauritian scientists to analyse hydrocarbons released by the spill and provided them with the capabilities to monitor the long term impact of the accident and ecosystem recovery.

Other countries have benefitted from IAEA support in the face of environmental disaster caused by oil spills: Cuba in 2018, Sri Lanka in 2021 and Peru in 2022. Cuba is now using the analytical capacity and emergency preparedness built in collaboration with the IAEA following the 2018 oil spill to effectively assess the environmental impact of a more recent emergency – an explosion at an oil storage facility in Matanzas in 2022. Oil spills and their potential ramifications will continue to pose threats to ocean health. The IAEA is committed to supporting countries in dealing with their aftermath to help preserve and protect marine and coastal ecosystems.

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An IAEA scientist uses a gas-chromatography mass spectrometer to determine the chemical makeup of crude oil. (Photo: E. McDonald/IAEA)