La lutte contre le cancer en Tunisie: changer les perceptions et améliorer l’accès aux soins

Le cancer n’est pas une condamnation à mort. S’il est détecté et traité rapidement, on peut en guérir.

Participants de l'atelier de l'AIEA sur la radiothérapie en Tunisie, décembre 2012. (Photo: Institut Salah Azaïz de cancérologie de Tunis)

Le cancer n’est pas une condamnation à mort. S’il est détecté et traité rapidement, on peut en guérir. Tel est le message que les médecins tunisiens transmettent à leurs patients.

La sensibilisation à la prévention et au traitement du cancer est un élément clé de la campagne d’information active menée par le Ministère tunisien de la santé publique. Cette campagne consiste notamment à faire connaître au public le rôle de la médecine radiologique et de la technologie des rayonnements (voir l’encadré La médecine radiologique), et à lui expliquer que les techniques d’imagerie nucléaire sont sans danger, indolores et rentables.

«Les applications nucléaires dans la médecine font peur aux gens», explique Mohamed Faouzi Ben Slimane, chef du service de biophysique et de médecine nucléaire de l’Institut Salah Azaïz de Tunis et responsable du Centre national de radioprotection. «Des campagnes d’information du public sont régulièrement menées pour combattre l’ignorance et sensibiliser le plus grand nombre aux avantages et à l’efficacité de la technologie des rayonnements dans le traitement du cancer.»

Les médecins ne doutent pas de réussir à surmonter les barrières psychologiques grâce à une campagne bien élaborée et ciblée qui fournit des informations simples, pertinentes et pratiques sur l’imagerie médicale et la radiothérapie, et sur leur contribution à l’amélioration des soins aux patients. «En levant le tabou qui entoure le cancer, nous réussissons à convaincre davantage de gens de se faire dépister», se félicite M. Ben Slimane.

Selon le Ministère de la santé publique, près de 8 000 nouveaux cas de cancer ont été enregistrés en Tunisie de 2011 à 2015, les cancers du poumon et du sein étant les plus fréquents. L’Institut Salah Azaïz établit plus de 20 000 diagnostics par an, et plus de 12 000 patients bénéficient d’un traitement. «Nous devons nous assurer que les doses de rayonnements délivrées pour les traitements sont précises et soigneusement contrôlées, car notre priorité reste les soins donnés aux patients souffrant du cancer», ajoute M. Ben Slimane. Depuis deux ans, le nombre de cas de cancer a augmenté en Tunisie. Entre 1994 et 2009, il est passé de 2 553 à 3 926, soit une augmentation annuelle moyenne de 3,3 %. Néanmoins, cette moyenne a enregistré une baisse relative, mais peu significative, entre 2009 et 2011, avec un total de 3 715 cas.

Comme dans la majorité des pays à revenu faible et intermédiaire, la charge croissante que représente le cancer pèse considérablement sur le système de santé publique de la Tunisie. Avec l’appui de l’AIEA, les médecins tunisiens s’emploient à répondre à une demande grandissante de soins anticancéreux, ce qui implique notamment de convaincre les patients de suivre une cancérothérapie le plus tôt possible.

Un dépistage précoce pour un traitement rapide

La formation continue du personnel médical est indispensable. «Ces technologies permettent aux oncologues tels que moi de visualiser le corps et de choisir le meilleur traitement en fonction du type de cancer, mais nous devons également nous assurer d’utiliser les bons radiopharmaceutiques, qui sont essentiels pour suivre les progrès accomplis et évaluer la façon dont le corps réagit et fonctionne,» explique M. Ben Slimane.

C’est un domaine dans lequel l’AIEA joue un rôle important. Ainsi, son appui à la Tunisie s’est traduit par des formations, un transfert de connaissances et une assistance en vue de l’utilisation correcte et sûre des sources radioactives pour le traitement du cancer. Des experts de l’AIEA ont dispensé des formations à des radiopharmaciens et à des physiciens médicaux pour améliorer le contrôle de la qualité et la sûreté de l’utilisation de la médecine et du matériel radiologiques.

«Nous travaillons main dans la main avec des physiciens médicaux pour nous assurer qu’ils disposent des bonnes connaissances et de la bonne formation pour se protéger et protéger les patients,» déclare Mme Azza Hammou, radiologue en pédiatrie et ancienne directrice du Centre national de radioprotection. «Nos protocoles de sûreté sont conformes aux normes de sûreté de l’AIEA. Les médecins et les techniciens qui manipulent des applications de médecine nucléaire doivent suivre les bonnes procédures tout en se conformant rigoureusement aux principes directeurs de sûreté.»

En médecine radiologique, l’assurance de la qualité est un processus complexe. Elle prend en compte l’évaluation des aspects cliniques, physiques et techniques de l’imagerie diagnostique et du traitement par rayonnements, ainsi que les contrôles en matière de gestion, qui sont essentiels pour éviter les erreurs, les accidents et les erreurs de diagnostic. L’appui de l’AIEA consiste à fournir des orientations techniques en vue de la mise en œuvre et de l’examen de programmes d’assurance de la qualité en matière de radiothérapie, de médecine nucléaire et de radiologie diagnostique dans les hôpitaux.

L’AIEA soutient la Tunisie dans l’action qu’elle mène depuis plusieurs décennies pour améliorer la lutte contre le cancer. Le pays dispose désormais de 17 appareils de radiothérapie pour une population de 10 millions d’habitants, un ratio supérieur à celui de la plupart des pays africains, selon M. Adnan Atwa, responsable de la gestion de programmes pour la Tunisie au Département de la coopération technique de l’AIEA. Depuis 2013, avec l’appui de l’Agence, le gouvernement tunisien a créé des centres de radiothérapie à Tunis, Sousse et Sfax, tous équipés d’une nouvelle génération d’accélérateurs linéaires (linac). Ces appareils de radiotraitement délivrent des rayons X de haute énergie qui visent très précisément les tumeurs. L’assistance de l’AIEA comprend aussi des formations spécialisées, notamment des bourses et des visites scientifiques dans les domaines de la physique médicale et de la radiothérapie.

Pour fournir des recommandations sur le programme complet de lutte contre le cancer de la Tunisie et évaluer ses capacités en la matière, l’AIEA et ses partenaires ont mené en Tunisie une mission intégrée du Programme d’action en faveur de la cancérothérapie, ou mission imPACT, fin 2013. Cela a permis au pays de définir des mesures prioritaires en vue de renforcer ses capacités de planification de la lutte contre le cancer, de prévention, de dépistage précoce, de diagnostic, de traitement et de soins palliatifs. La mission a également contribué à l’amélioration du registre du cancer de la Tunisie, qui assure un suivi des cas de cancer.

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Quelques chiffres

En 2012, 14,1 millions de nouveaux cas de cancer ont été enregistrés dans le monde entier, un nombre qui devrait atteindre 24,6 millions à l’horizon 2030.

About 6600 new cases of cancer were recorded in Tunisia in 2014, according to the Ministry of Health, with lung and breast cancer being the most common. According to Ben Slimene, over 19 000 diagnoses are conducted annually at the Salah Azaïez Institute, with over 9000 patients undergoing treatment. “We have to ensure that the radiation treatment and dosages are accurate, carefully monitored, as our prime priority is the care given to cancer patients,” he added. Tunisia also has an active cancer registry that keeps track of cancer cases.

As in a majority of low and middle income countries, especially in Africa, the growing cancer burden is putting considerable strain on the public health system in Tunisia. Tunisian doctors are working hard, with the support of the IAEA, to meet the growing demands in cancer care, which includes convincing people to undertake cancer therapy at the earliest opportunity, Ben Slimene said.

Catch early, treat swiftly

Ongoing training of medical staff is also essential. “Not only do these technologies help oncologists like me to view the body and to select the best treatment required to deal with different types of cancer, but we need to use the correct radiopharmaceuticals, which are vital to track the progress achieved, and assess how the body is reacting and functioning,” Ben Slimene said.

This is where the IAEA is playing an important role. It has assisted Tunisia with training, knowledge transfer, and assistance in the proper and safe use of radioactive sources in cancer treatment. IAEA experts have conducted workshops for radiopharmacists and medical physicists to improve quality control and the safe use of radiation medicine and equipment for cancer control.

“We work hand-in-hand with medical physicists to ensure that they have the right knowledge and training to protect themselves and the patients,” said Azza Hammou, a paediatric radiologist and the former Head of the National Centre of Radiation Protection. “Our safety protocols are in line with the IAEA Safety Standards.” Doctors and technicians handling nuclear medical applications have to implement correct procedures while following safety guidelines strictly, he said.

Quality assurance in radiation medicine is a multi-step process. It covers the assessment of clinical, physical and technical aspects of diagnostic imaging and radiation treatment, and management controls that are essential to avoid errors, accidents and misdiagnoses. The IAEA’s support includes technical guidance for implementing and reviewing quality assurance programmes at hospitals for radiotherapy, nuclear medicine and diagnostic radiology.

IAEA support

The IAEA has supported Tunisia in its efforts towards cancer control for decades. The country now has 17 radiotherapy machines for its population of 10 million, placing Tunisia above the most countries in Africa with regard to access to radiotherapy, said Abdou Salam Ndiath, programme management officer at the IAEA. Since 2013, the Tunisian government, with IAEA support, has established three radiotherapy centres in Tunis, Sousse and Sfax, which are equipped with a new generation of linear accelerators (LINAC). These accelerators are most commonly used to treat patients by delivering very precisely localised, high-energy x-ray irradiation to tumours. The IAEA is also assisting the country with training in medical physics and radiotherapy. 

To assess Tunisia’s cancer control capacities and provide recommendations on the comprehensive national cancer control programme, the IAEA and its partners conducted an imPACT review in Tunisia in late 2013. This has helped the country to identify priority actions for strengthening cancer control planning, prevention, early detection, diagnosis, treatment and palliative care capacities.

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