Lois régissant l’utilisation des rayonnements dans la prise en charge du cancer : un préalable indispensable au traitement

Tiré du Bulletin de l’AIEA

Quand on pense au traitement du cancer, on pense immédiatement aux médecins, aux hôpitaux et aux machines. Mais avant que la première machine puisse être installée et que le premier patient reçoive un traitement, il faut mettre en place la bonne législation et la bonne réglementation.

Des délégués du Lesotho ont rencontré des experts de l’AIEA lors d’une réunion de trois jours consacrée à la première installation de prise en charge du cancer du pays. De gauche à droite : Mamasiane Tieho, secrétaire principal pour le Ministère lesothan du tourisme, de l’environnement et de la culture, et Shaukat Abdulrazak, directeur de la Division de l’Afrique du Département de la coopération technique de l’AIEA(Photo : J. Howlett/AIEA)

Quand on pense au traitement du cancer, on pense immédiatement aux médecins, aux hôpitaux et aux machines. Mais avant que la première machine puisse être installée et que le premier patient reçoive un traitement, il faut mettre en place la bonne législation et la bonne réglementation. Cela peut nécessiter des années de préparation, et les pays ne doivent pas forcément faire cela seuls : l’AIEA aide des pays du monde entier à élaborer le cadre juridique, y compris les lois sur le nucléaire, nécessaire à l’utilisation sûre et sécurisée des rayonnements pour la prise en charge du cancer.

« Sans loi sur le nucléaire, il est impossible d’avoir un organisme de réglementation », explique Nyane Moeti, juriste au Ministère des affaires étrangères et internationales du Lesotho. « Et sans organisme de réglementation, il est impossible de proposer la médecine nucléaire ou la radiothérapie, et donc de sauver les patients atteints de cancer. »

Le Lesotho a adopté sa première loi sur le nucléaire en 2018, avec l’appui de l’AIEA. Ce petit pays de 2,4 millions d’habitants envoie chaque année une centaine de patients atteints de cancer en Afrique du Sud pour qu’ils y reçoivent un traitement. Maintenant que la nouvelle loi a été adoptée et qu’un organisme de réglementation devrait être en place avant la fin de 2019, les experts travaillent à la construction d’un centre de radiothérapie. Ce centre devrait être opérationnel dans trois à quatre ans, ce qui permettra à ces patients de se faire soigner près de chez eux.

« Cette loi va aider le Lesotho de nombreuses manières, souligne Nyane Moeti. Elle va nous permettre de couvrir toute la réglementation relative à la radiothérapie et nous aider à fournir des services de radiothérapie conformes aux bonnes pratiques internationales. En outre, maintenant que la loi est adoptée, nous pouvons réglementer l’utilisation des sources de rayonnements dans le domaine de la santé et les autres secteurs, comme l’industrie extractive ou la construction, et ainsi garantir la sûreté des utilisateurs et des endroits où sont menées les activités en question. »

En l’absence de cadre législatif et réglementaire national qui protège les personnes et l’environnement, la vente de sources radioactives au pays concerné par des fournisseurs étrangers est entravée.

« Un cadre législatif et réglementaire adéquat est nécessaire pour garantir l’utilisation sûre de la radiothérapie dans l’intérêt des patients, tout en protégeant les travailleurs », explique Fanny Tonos Paniagua, juriste à l’AIEA.

Les pays doivent élaborer une législation nationale ou réviser leur cadre législatif lorsque celui-ci n’est pas conforme aux normes internationales relatives à la protection des personnes et de l’environnement. La première étape pour ce faire est d’élaborer et d’adopter une loi sur le nucléaire établissant un système réglementaire de contrôle de l’utilisation de la technologie nucléaire. Une fois cette loi adoptée, il faut créer un cadre réglementaire national, et notamment un organisme de réglementation qui assurera l’élaboration de règlements généraux et techniques et mènera des activités d’inspection et d’application assorties d’un mécanisme d’octroi d’autorisations de sorte à vérifier que le système légal est respecté lors de l’utilisation de sources radioactives dans le pays.

L’AIEA propose une assistance en matière législative pour l’analyse, la révision et la rédaction des lois nationales. « Nous savons d’expérience qu’il faut lancer dès que possible le processus de rédaction des textes de loi nécessaires de sorte à éviter tout retard dans la mise en œuvre des projets nationaux portant sur le traitement du cancer ou d’autres domaines », dit Fanny Tonos Paniagua.

L’assistance de l’AIEA

Au cours des dix dernières années, l’AIEA a fourni une assistance bilatérale en matière législative à 82 pays aux fins de l’adoption ou de la révision de leurs lois sur le nucléaire ; 29 de ces pays sont arrivés au bout du processus et bon nombre des autres en sont aux dernières étapes. L’AIEA fournit par exemple un appui juridique à la Jamaïque depuis 2011.

« Nous avons besoin des bonnes lois, d’abord pour maintenir et faire respecter les normes de sûreté, et ensuite pour réduire autant que possible les risques pour les travailleurs, les patients et l’environnement », indique Erica Boswell-Munroe, ancienne chef adjointe au Conseil parlementaire de la Jamaïque.

En mars 2013, en réponse à une demande du Ministère jamaïcain de la santé, l’AIEA a envoyé sur place une équipe d’experts de la lutte contre le cancer qui était chargée d’effectuer une évaluation approfondie des capacités et des besoins du pays dans ce domaine. Les résultats de cette mission, que l’on appelle un examen imPACT, sont pris en compte dans les initiatives prises par le pays pour mettre en place un programme national complet de lutte contre le cancer comprenant des lois et des règlements.

L’objectif du Ministère jamaïcain de la santé est de poursuivre le développement du programme national de lutte contre le cancer. « Nous sommes conscients de la nécessité d’élargir nos services de prise en charge du cancer, et aussi de la nécessité d’achever l’élaboration des lois et règlements qui doivent les accompagner, déclare Erica Boswell-Munroe. Plus d’une fois, nous avons été dans l’incapacité d’importer des sources de rayonnements parce que nous n’avions pas la législation requise, ce qui nous a empêchés de donner les autorisations nécessaires. »

En 2015, la Jamaïque a adopté la loi sur la sûreté nucléaire et la radioprotection avec l’aide de l’AIEA. Cette loi vise notamment à protéger les personnes contre l’exposition aux rayonnements ionisants et à contrôler les installations qui utilisent ces rayonnements et la technologie nucléaire, et aussi à aider la Jamaïque à respecter ses obligations internationales.

La loi appelle à la création d’un organisme de réglementation national qui sera chargé de délivrer les autorisations et de définir les normes opérationnelles, et aussi de réglementer et de surveiller les activités, les pratiques et les installations qui font appel à des rayonnements ionisants et la technologie nucléaire.

La Jamaïque modernise actuellement son centre de médecine nucléaire à l’Hôpital universitaire des Indes occidentales avec l’aide du programme de coopération technique de l’AIEA. Ce centre devrait être achevé en 2021 et devenir la seule installation publique de médecine nucléaire du pays.

IAEA assistance

In the past 10 years, the IAEA has provided bilateral legislative assistance to 82 countries for adopting or revising the nuclear laws of these countries, out of which 29 have completed the process, and many others are in the final stages of doing so. In Jamaica, for example, the IAEA has been providing legal support since 2011.

“We need the right laws in place, first of all, to maintain and enforce the standards of safety and, second of all, to minimize the risk to workers, patients, and the environment,” said Erica Boswell-Munroe, former Deputy Chief Parliamentary Counsel of Jamaica.

In March 2013, responding to a request from the Minister of Health of Jamaica, the IAEA sent a team of cancer control experts to conduct an in-depth assessment of the country’s cancer control capacity and needs. The results of this mission, known as an imPACT Review, are supporting national efforts to develop a comprehensive national cancer control programme that includes laws and regulations.

Further developing a national cancer control programme is the aim of Jamaica’s Ministry of Health. “We see the need to expand our cancer care services, as much as we see the need to finalize the laws and regulations that come with it,” Boswell-Munroe said. “On more than one occasion, we were unable to import radiation sources because we didn’t have the law in place and, therefore, were not able to grant the necessary authorizations.”

In 2015, Jamaica passed the Nuclear Safety and Radiation Protection Act with the IAEA’s support. The Act, among other things, sets out to protect people from exposure to ionizing radiation and monitor facilities using ionizing radiation and nuclear technology, as well as to facilitate Jamaica’s compliance with international obligations.

The Act calls for the establishment of a national regulatory body to grant authorizations and establish operational standards, as well as to regulate and monitor activities, practices and facilities that make use of ionizing radiation and nuclear technology.

Jamaica is currently upgrading its Nuclear Medicine Centre at the University Hospital of the West Indies with the help of the IAEA’s technical cooperation programme. Planned to be completed by 2021, the Centre is expected to become the country’s only public nuclear medicine facility.

This article was also featured in the IAEA Bulletin on Cancer Control published in September 2019.