Technologie mobile et en ligne : une nouvelle façon d’aborder les soins et la formation en matière de cancer

Tiré du Bulletin de l’AIEA

Grâce à l’omniprésence des téléphones portables et de l’accès à Internet, nous obtenons bien plus facilement des informations, car nous disposons d’une mine de renseignements dans un gadget compact toujours à portée de main.

(Photo : J. Corpuz/Centre médical du Sud des Philippines)

Grâce à l’omniprésence des téléphones portables et de l’accès à Internet, nous obtenons bien plus facilement des informations, car nous disposons d’une mine de renseignements dans un gadget compact toujours à portée de main. Depuis plus de dix ans, les applications mobiles simplifient vraiment notre quotidien, et elles arrivent maintenant dans le monde des soins oncologiques.

« L’AIEA a de plus en plus recours aux technologies de l’information et aux technologies mobiles pour offrir des formations innovantes, avec un bon rapport coût-efficacité, partout dans le monde », affirme May Abdel-Wahab, directrice de la Division de la santé humaine de l’AIEA. « En mettant au point des outils et des services économes en ressources, nous nous affranchissons des contraintes géographiques, financières ou liées aux ressources, et nous pouvons donc continuer d’aider les pays en matière de développement professionnel pour ce qui est des soins oncologiques au niveau mondial. »

Alors que les technologies continuent de transformer nos vies et la société, le recours accru aux applications mobiles, aux plateformes de formation en ligne et aux outils fondés sur les technologies de l’information et de la communication influe sur les soins oncologiques, que ce soit pour l’aide à l’interprétation des examens d’imagerie diagnostique, pour la formation des praticiens ou pour l’appui aux décisions concernant les traitements. Nous présentons ci-dessous quelques-unes des applications et formations en ligne gratuites de l’AIEA.

Applications de stadification du cancer : TNM et FIGO

L’application mobile TNM Cancer Staging fournit aux médecins des informations qui les aident à déterminer le traitement requis et le pronostic des patients atteints de cancer, à partir de l’étendue de la tumeur (T), de la propagation des nœuds lymphatiques (N) et de la présence de métastases (M), à savoir la croissance de cellules cancéreuses en dehors du site primaire. Le système de stadification TNM est une norme reconnue qui permet de consigner l’étendue anatomique de la maladie. Régulièrement actualisé, ce système de classification a été mis au point par l’Union internationale contre le cancer (UICC) et est également utilisé par le Comité mixte américain sur le cancer (AJCC) et la Fédération internationale de gynécologie et d’obstétrique (FIGO).

L’application, que l’AIEA a mise au point en coopération avec le Tata Memorial Centre (Inde) et l’Institut indien des sciences médicales (AIIMS), recense 65 types de cancer et couvre plus de 100 types de tumeurs. « Cette application condense un ouvrage de 1 000 pages, qu’elle met dans les mains des patients, des médecins et des praticiens », explique Diana Paez, chef de la Section de la médecine nucléaire et de l’imagerie diagnostique à l’AIEA. En saisissant des informations sur le patient, par exemple la taille de la masse ou la présence ou l’absence de nœuds lymphatiques, les utilisateurs reçoivent des indications qui les aident à déterminer le traitement à envisager.

« Les ouvrages qui contiennent ce genre d’informations coûtent cher et on ne les a pas toujours sous la main au chevet du patient », fait remarquer Palak Bhavesh Popat, radiologue à l’hôpital Tata Memorial, en Inde. « Le fait qu’il soit possible de consulter cette application gratuite sans être connecté, sur le téléphone, même dans des endroits reculés, la rend encore plus utile. »

Cette application a été téléchargée plus de 52 000 fois depuis son lancement en 2015.

En 2016, l’AIEA a lancé une application similaire spécialement destinée aux cancers gynécologiques, appelée FIGO Gyn Cancer Management, qu’elle a mise au point en partenariat avec le Tata Memorial Centre et l’AIIMS et en coopération avec la FIGO. Téléchargée près de 10 000 fois, cette application permet d’évaluer l’étendue du cancer dans les organes reproducteurs de la femme aux fins de la stadification et de la prise en charge des cancers gynécologiques. En avril 2019, les fonctionnalités de stadification et de prise en charge ont été actualisées de manière à fournir des informations sur le cancer du col de l’utérus.

De nouvelles versions des applications TNM et FIGO, fondées sur les nouvelles données cliniques, sont attendues en octobre 2020. C’est au Brésil, aux États-Unis, en Inde, au Japon, au Mexique et en Thaïlande que ces deux applications, disponibles sur les appareils Android et Apple, ont été le plus téléchargées.

« Ces applications, fruits de la coopération entre l’AIEA et des organisations professionnelles, sont un moyen de donner gratuitement accès à du contenu scientifique de haut niveau », explique Diana Paez. « Malgré un budget limité, ces outils mobiles nous ont permis d’accroître notre impact et d’élargir la portée de notre action », poursuit-elle.

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L’application mobile TNM Cancer Staging

(Photo : V. Fournier/AIEA)

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L’application mobile FIGO Gyn Cancer Management

(Photo : V. Fournier/AIEA)

Outils de téléformation et de formation en ligne

Avant de mettre au point des applications, l’AIEA s’était lancée dans un vaste projet de création de modules de formation à distance dans le domaine de la médecine nucléaire. Elle s’est engagée sur cette voie dans les années 1990, en fournissant différents outils de téléformation, d’abord sous la forme de CD et de DVD puis au moyen de la plateforme de formation assistée en ligne (DATOL), accessible depuis 2009. Elle actualise régulièrement le contenu de cette plateforme, qui reste ainsi pertinent et conforme aux dernières évolutions dans le domaine.

La plateforme DATOL propose des formations sur 39 sujets, qui représentent environ 900 heures d’étude, et offre la possibilité de passer une évaluation et d’obtenir une certification officielle. L’apprenant qui s’y consacre à temps partiel peut achever le programme en deux à trois ans. L’accréditation est délivrée par un organisme reconnu au niveau national lorsque le programme DATOL est mis en œuvre localement avec les supports pédagogiques élaborés par les experts de l’AIEA et avec l’aide et sous la supervision de l’AIEA.

« Par le passé, les techniciens en médecine nucléaire étaient formés sur le tas, sans enseignement formel », explique Diana Paez. « La plateforme DATOL aide les personnes intéressées à suivre un programme de formation structuré en offrant un contact avec des tuteurs locaux et en donnant accès à des exposés, à des études de cas et à des évaluations. »

Environ 700 professionnels de plus de 30 pays d’Afrique, d’Amérique latine, d’Asie et d’Europe ont suivi tout le programme. L’Argentine, la Colombie et la Thaïlande ont adopté ce programme, disponible en anglais et en espagnol, comme outil de formation officiel pour les techniciens en médecine nucléaire.

Développement des ressources en ligne

L’AIEA a continué d’étoffer son offre avec des outils de formation en ligne qui contribuent à promouvoir ses publications et ses ressources. « Notre approche s’inscrit dans le prolongement de notre travail et le complète ; elle consiste à partir des lignes directrices publiées par l’AIEA et à les diffuser au moyen de cours lors desquels nous mettons au point les supports qui serviront pour la formation en ligne », explique Giorgia Loreti, administratrice chargée de la formation en physique médicale à l’AIEA. L’AIEA crée des cours en ligne pour faciliter l’accès aux bonnes pratiques en matière d’applications cliniques de la médecine radiologique, par exemple dans le domaine de la physique médicale.

« Nous passons beaucoup de temps à tester les modules de formation en ligne et à en contrôler la qualité de manière approfondie avant de les diffuser », souligne Giorgia Loreti. « La formation en ligne est un outil souple qui permet un apprentissage accessible et structuré, que l’apprenant effectue à son rythme. Elle ajoute de la valeur à l’expérience d’apprentissage en la rendant interactive. »

Par exemple, pour compléter sa publication intitulée Introduction of Image Guided Radiotherapy into Clinical Practice, parue en 2019, l’AIEA a créé un cours en ligne à partir d’une formation donnée conjointement avec le Centre international de physique théorique (CIPT). Ce cours, destiné aux étudiants de troisième cycle en physique médicale et aux professionnels dans ce domaine, compte huit modules avec des vidéos, des diapositives et des tests d’autoévaluation, qui donnent une vue d’ensemble des principes de physique et des technologies qui entrent en jeu dans la radiothérapie guidée par l’imagerie.

« Nous savons que les étudiants qui suivent les cours en ligne n’ont pas accès aux sessions pratiques organisées dans les formations classiques en physique médicale ni aux échanges avec les enseignants », dit Giorgia Loreti. « Nous avons spécialement mis au point des autoévaluations qui permettent à l’étudiant d’être certain d’avoir bien compris les sujets avant de passer au module suivant. »

Complément à la formation

Après le succès de l’AMPLE, environnement d’apprentissage avancé pour physiciens nucléaires de la région Asie et Pacifique, l’AIEA travaille à la création d’un outil similaire destiné aux radio-oncologues. La plateforme de formation avancée à l’intention des radio-oncologues (AROLE), dont la mise en service est prévue en 2020, complètera la formation des internes là où l’accès aux experts et aux ressources pédagogiques est restreint.

« Nous sommes manifestement face à une pénurie de radio-oncologues, surtout dans les pays à faible revenu. La capacité de formation de radio-oncologues est actuellement très faible et l’expertise est limitée. Il faut donc que les étudiants soient formés plus efficacement et que des experts puissent leur apporter leur appui sans avoir à faire de longs voyages », explique Ben Prajogi, administrateur associé chargé de la formation à la Section de la radiobiologie appliquée et de la radiothérapie de l’AIEA. « En collaboration avec des établissements universitaires et des associations professionnelles, nous donnerons accès à des ressources didactiques de qualité afin de contribuer à la mise en œuvre d’un programme mondial fondé sur les compétences. »

Pour accéder aux cours en ligne gratuits de l’AIEA, l’utilisateur a besoin d’un accès à Internet, d’un navigateur et d’un compte Nucleus, qu’il peut créer à l’adresse nucleus.iaea.org.

TNM and FIGO cancer staging applications

The TNM Cancer Staging App is a mobile app that provides navigable information to help physicians determine the level of treatment and prognosis for cancer patients, based on the extent of the tumour (T) and lymph node spread (N) and the presence of growths from the primary cancer site — metastasis (M). The TNM staging system is a recognized standard used to record the anatomical extent of the disease. The classification system, which is updated on a regular basis, was developed by the Union for International Cancer Control (UICC), and it is also used by the American Joint Committee on Cancer (AJCC) and the International Federation of Gynaecology and Obstetrics (FIGO).

The app, developed by the IAEA in cooperation with India’s Tata Memorial Centre and All India Institute Of Medical Sciences (AIIMS), lists 65 cancer types and covers more than 100 different types of tumours. “The app condenses a 1000-page book and puts it into the hands of patients, doctors and practitioners,” said Diana Paez, Head of the Nuclear Medicine and Diagnostic Imaging Section at the IAEA. Users can enter a patient’s details, such as the size of a mass, or the presence or absence of lymph nodes, to help them identify a specific treatment.

“Books containing such information are expensive and are not always available when you are in the clinic with the patient,” said Palak Bhavesh Popat, a radiologist at the Tata Memorial Hospital in India. “Having an offline and free app available on the phone, even in remote areas, further increases its utility.”

Since the app’s launch in 2015, it has been downloaded more than 52 000 times.

In 2016, the IAEA launched a similar app specifically focused on gynaecological cancers. The FIGO Gyn Cancer Management app was developed by the IAEA in partnership with Tata Memorial Centre and AIIMS, and in cooperation with the FIGO. The FIGO app — which has reached nearly 10 000 downloads — evaluates the extent of cancer in female reproductive organs for the staging and management of gynaecological cancers. In April 2019, the app’s staging and management flows were updated for cervical cancer.

New versions of the TNM and FIGO apps based on clinical updates are expected to be released in October 2020. The two apps, which are available in the Android and Apple app stores, have been most downloaded in Brazil, India, Japan, Mexico, Thailand and the United States.

“These apps reflect the cooperation between the IAEA and professional organizations, and they offer a way to allow free access to highlevel, scientific content,” Paez explained. “Despite a limited budget, we have been able to increase impact and reach through these mobile tools.”

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TNM Cancer Staging App. (Photo: V. Fournier/IAEA)

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FIGO Gyn Cancer Management. (Photo: V. Fournier/IAEA)

Distance assisted training and e-learning tools

Before branching into apps, the IAEA had embarked on an extensive project to develop training modules for distance-learning in the field of nuclear medicine. The development of the IAEA’s distance assisted training began in the 1990s and has evolved from CDs and DVDs to the Distance Assisted Training Online (DATOL) platform, which has been available online since 2009. The platform’s content is regularly updated to stay relevant and to reflect developments in the field.

The DATOL curriculum consists of 39 subjects representing approximately 900 hours of study along with a formal assessment and certification. It can be completed within two to three years when pursued part time. Accreditation is granted by a nationally recognized body when the DATOL programme is implemented locally using the educational materials developed by IAEA experts and with the support and supervision of the IAEA.

“In the past, nuclear medicine technologists were trained on the job without formal education,” Paez explained. “DATOL helps people complete a structured training programme with access to local tutors, presentations, case studies and assessments.”

About 700 professionals have completed the programme from more than 30 countries across Africa, Asia, Europe and Latin America. The programme, which is available in English and Spanish, has been adopted in Argentina, Colombia and Thailand as an official training tool for nuclear medicine technologists.

Expanding online resources

The IAEA has continued to expand its online offerings through e-learning tools that help promote IAEA publications and resources. “It’s a continuation and complement to our work; our approach is to start from IAEA published guidelines and disseminate them through training courses during which we develop material to be used for e-learning,” said Giorgia Loreti, training officer in medical physics at the IAEA. The IAEA develops online courses to facilitate access to best practices in clinical applications of radiation medicine in, for example, the field of medical physics.

“We spend a lot of time testing the e-learning modules and performing extensive quality control before we release them,” Loreti said. “E-learning is a flexible tool that allows accessible, structured yet self-paced learning. It adds value to the learning experience through making it interactive.”

For example, to complement the IAEA publication, Introduction of Image Guided Radiotherapy into Clinical Practice, released in 2019, an e-learning course was produced based on a training course run jointly with the International Centre for Theoretical Physics (ICTP). The e-learning course, intended for postgraduate medical physics students and professionals, comprises eight modules with videos, slides and self-assessment tests, which provide an overview of the physics and technologies related to image guided radiotherapy.

“We know students on e-learning courses may not have access to the practical sessions given in a typical medical physics course nor to the interaction with the lecturers,” Loreti said. “We have developed specific self-assessments to ensure topics are understood in-depth before the student can proceed to the next module.”

Supplementing training

Following the success of AMPLE — the Advanced Medical Physics Learning Environment for Asia and the Pacific — the IAEA is working on a similar tool for radiation oncologists. Expected to be released in 2020, the Advanced Radiation Oncologist Education Platform (AROLE) will be used to supplement residency training in areas with limited access to experts and educational resources.

“We realize that we are facing a shortage of radiation oncologists, especially in lower income countries. The capacity to produce radiation oncologists is currently very small and expertise is limited, so there is a need for students to be trained more efficiently and for experts to support them without having to travel long distances,” said Ben Prajogi, an associate education officer in the IAEA’s Applied Radiation Biology and Radiotherapy Section. “In collaboration with academic institutions and professional societies, we will provide access to high-quality learning resources to support the implementation of a global competency-based curriculum.”

To access the IAEA’s free e-learning courses, users need internet access with a web browser and a Nucleus account, which can be created at nucleus.iaea.org.