Investir dans une mine d’uranium
L’ouverture d’une mine d'uranium nécessite un investissement important et est un processus long, qui dure souvent 10 à 15 ans avant que la mine puisse être exploitée. Le coût du matériel servant à extraire et à préparer le minerai d’uranium pour le transformer en concentré d'uranium – processus qui a généralement lieu sur place – s’élève à plus de 100 millions de dollars É.-U. et peut même atteindre des milliards de dollars É.-U. C’est pourquoi les sociétés privées tout comme les entités publiques doivent examiner attentivement les paramètres économiques à long terme avant d’ouvrir une mine. De nombreux pays qui débutent dans l'extraction d'uranium, comme le Botswana et la Tanzanie, ont fait appel à l’expertise et à l’assistance de l’AIEA pour mettre en place l’infrastructure et les cadres juridiques, environnementaux et réglementaires nécessaires. Les mines ouvertes dans ces pays sont à un stade avancé de prospection, dans l’attente d’un environnement économique plus favorable.
La plupart des contrats conclus dans le secteur de l’uranium sont de longue durée, y compris en ce qui concerne les prix plafonds visant à protéger les consommateurs et les prix planchers visant à protéger les mines. Bien que les prix au comptant influent sur le prix global du marché, l’évolution est lente. Suivant le prix actuel du marché et le niveau du programme électronucléaire national, il est parfois plus rentable d’importer de l’uranium que d’en extraire dans le pays.
Certains pays, comme la Chine et l’Inde, exploitent des mines pour assurer avant tout la sécurité de l’approvisionnement national ; les paramètres économiques sont importants mais demeurent un facteur secondaire. Aujourd’hui, l’extraction d’uranium dans le monde se fait cependant essentiellement à l’échelle commerciale. Dans des pays comme l’Australie, le Kazakhstan et la Namibie, les mines d’uranium sont exploitées à des fins d’exportation, tandis que dans d’autres, comme le Canada, l’uranium est destiné tant à la consommation nationale qu’à l’exportation.
Qu’en est-il de l'avenir ? La demande d’uranium devrait augmenter à long terme, de même que les prix. Il est cependant difficile de prédire à quel moment et dans quelle mesure ils augmenteront, notamment au vu de la réticence de la population de nombreux pays à investir dans l’électronucléaire.
« En raison du scepticisme du public à l’égard de l’industrie minière en général, les mesures précédemment prises par le secteur, telles que le renforcement de la responsabilité sociale des entreprises ou des initiatives de ce type favorisant la participation des parties prenantes, ont perdu en efficacité », a déclaré Hussein Allaboun, directeur de la Compagnie jordanienne de prospection uranifère.
La Jordanie est l’un des nombreux pays qui étudient la possibilité de produire de l’uranium. Elle a mené des études de faisabilité et a construit une centrale pilote en vue de recueillir les données industrielles et techniques nécessaires. « Soucieux de disposer d’une source d’énergie fiable, le pays prévoit d’intégrer ce projet dans un programme national de transformation de l’énergie nucléaire », a conclu Hussein Allaboun.
Cet article a été publié dans le Bulletin de l’AIEA de juin 2018, intitulé L’uranium : de la prospection à la remédiation.